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Simone avait (évidemment) raison...

Simone de Beauvoir disait « il suffira d’une crise pour qu’on remette les droits des femmes en cause »  

La pensée complète étant : "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant."

VIGILANTES. 

Une fois de plus, cette phrase prononcée en 1949 (dans le livre Deuxième Sexe) prouve sa portée prophétique avec la remise en cause potentielle de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) par la Cour Suprême des Etats-Unis en juin prochain (6 hommes et 3 femmes dans les juges). 

Bien sûr, vous vous dites : les Etats-Unis, ce n'est pas nous, c’est loin de la Nouvelle Caledonie mais pas tant que ça. Qu’est-ce que cela dit de nos sociétés quand l'un des plus grand pays démocratiques remet en cause la liberté fondamentale d’avoir le choix ? 

Une loi plus jeune qu'il n'y parait

Saviez-vous que le droit à l'avortement en Nouvelle-Calédonie avait été voté 25 ans APRES la Loi Veil ? 25 ans. Un quart de siècle. Qui nous dit que nous ne sommes pas les prochains ??

Il suffira d'une crise pour qu'on remette les droits des femmes en cause.

Ne nous leurrons pas, si les hommes portaient les enfants, au grand jamais on ne leur arracherait  le droit de choisir. Pourquoi les conquêtes des droits des femmes sont si fragiles, si peu acquises ? 

Traitez-nous de féministes, nous ne nous sentirons pas insultées. Car oui, nous sommes pour le droit des femmes à disposer de leur corps. 

La santé des femmes

N'oublions pas un fait essentiel : l’avortement c’est avant tout un problème de santé publique. Interdit ou autorisé, ils auront toujours lieu ! 

Si les femmes ne sont pas libres de pouvoir faire leur choix, elles trouveront des moyens au péril de leur santé. Aux États Unis, la disparité entre états pénalisera les femmes les plus pauvres qui n’auront pas les moyens de traverser le pays pour bénéficier d’une IVG sûre, alors c’est leur vie qu’elles risqueront. 

Au CP2S, nous sommes inquiets et en colère que le monde s’émeuve si peu de la situation actuelle.

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Quelques dates autour du droit des femmes en FRANCE

29 avril 1945 : les femmes votent pour la première fois - Ton arrière grand-mère n'a pas pu voter avant 1945 et devait donc laisser les hommes décider de son avenir.

27 octobre 1946 : la loi garantit à la femme dans tous les domaines, des droits égaux à ceux des hommes" (Préambule de la Constitution Française) - En clair, la femme est enfin reconnue au même titre que l'homme mais techniquement, on est toujours en attente de cette égalité. Encore en 2022.

13 juillet 1965 : les femmes peuvent gérer leurs biens propres et exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari - Ta grand-mère n'avait pas le droit de travailler sans l'accord de ton grand-père. 

28 décembre 1967 : légalisation de la contraception - Imagine le risque fou que tu prends quand tu oublies ta pilule. Ta grand-mère devait tout calculer au pifomètre pour tenter d'éviter une grossesse non désirée. Et si tu n'es pas bonne en maths....

17 janvier 1975 : la loi VEIL autorise l'IVG - ta propre mère a peut-être dû faire un avortement illégal pour éviter de se retrouver fille-mère à 16 ans. Dans une cuisine à l'abri des regards et dans des conditions  sanitaires déplorables.

23 décembre 1980 : le viol est reconnu comme un crime. Donc l'intégralité des femmes de ta famille aurait pu être violée sans que jamais l'auteur ne soit reconnu comme un criminel (et je te parle même pas du viol conjugal). 

« Il suffira d’une crise pour qu’on remette les droits des femmes en cause »  Le Covid, la guerre en Ukraine, les pénuries... ce n'est pas une mais des crises que nous vivons en ce moment. Et ce n'est que le début. A quelle vitesse le droit des femmes va-t-il se dégrader ? Même Simone n'aurait pu le prédire.

Dommages collatéraux

Le recul sur l’avortement est arrivé en Pologne, il débarque aux États Unis... Quid du suivant ? Nous ne sommes pas à l’abri ! Aujourd’hui en Nouvelle Calédonie, la situation financière est délicate et la prévention est en danger : information sur les moyens et les droits, la contraception, les préservatifs gratuits, l’avortement, toute la chaîne est sur la sellette. Nous ne sommes pas indispensables évidemment mais si toutes les associations autour de la prévention et de la santé sexuelle disparaissent en même temps que nous, qui pourra venir au coeur des lycées et des collèges parler à nos jeunes des risques de la pornographie ? Des risques des IST ? De l'importance de l'amour et respect aussi dans une relation ? Amour pour soi, amour pour l'autre,.. Supprimer la prévention, c'est supprimer l'éducation de la jeunesse sur les combats menés, les acquis remportés et c'est potentiellement le danger de revenir en arrière.